Réforme de la Santé au travail : d’une santé fragile à la naissance, elle souffre aujourd’hui de sérieux handicaps…

Il y a un peu plus d’un an, le 4 janvier 2012 précisément, j’avais publié un article intitulé Réforme de la Santé au travail : il est né le Divin Enfant….

Son contenu était plutôt pessimiste. J’avais insisté en effet sur la santé fragile du nouveau-né, au point de m’interroger sur ses chances de survie…

« Après une trop longue gestation et un accouchement particulièrement difficile, le nouveau-né, fruit d’Esprits manifestement mal inspirés, apparaît d’une grande fragilité, promis à une vie d’enfant délicat si tant est qu’il ne soit déjà condamné. »

Qu’en est-il aujourd’hui ? Le Bébé est toujours vivant certes mais il ne semble pas être dans la meilleure forme possible, ses « parents » et ceux qui en ont aujourd’hui la responsabilité donnant le sentiment de traiter avec une grande indifférence les risques auxquels il est exposé et renvoyant à plus tard des analyses qui auraient dû être faites depuis longtemps.

De fait, entouré de personnes qui ne lui veulent pas forcément que du bien, il souffre énormément et ce n’est peut-être rien à côté de ce qui l’attend.

Les premiers pas ne sont pas pour demain, pas plus que les premières paroles ou les premières dents, les handicaps dont il souffre interdisant que sa croissance se fasse normalement.

A moins que la conscience, dont ils semblent dépourvus, ne vienne à tous ceux qui, au plus haut niveau, sont censés l’accompagner dans la vie.

C’est en tout cas le vœu qu’on peut formuler pour 2013.

Et le moins qu’on puisse dire, c’est que ce n’est pas gagné malgré les efforts considérables déployés, sur le terrain, pour le sortir d’affaire.

Gabriel Paillereau

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6 Comments

Henri

Hello !
Gabriel, désolé pour cette question mais ce genre d’article allégorique* n’argumentant concrètement et valablement sur aucune disposition du nouveau contexte réglementaire de la médecine du travail française, a-t-il une utilité (autre que de faire plaisir à des MT) ?
Cordialement.
* La médecine du travail n’est pas un nouveau-né, mais plutôt vieillissante.

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g.paillereau

Depuis l’ouverture du site, en avril 2011, ce sont près de 500 articles de toutes sortes qui ont été publiés. Parmi eux, 20 à 30 au grand maximum ont ce caractère « allégorique » qui semble vous gêner.
Pour ma part, je tiens beaucoup à ce mode d’expression dans la mesure où il complète l’information de base et les analyses et commentaires qui doivent l’accompagner (et vous savez que, contrairement à d’autres sites, ces analyses et commentaires sont particulièrement denses sur https://www.ephygie.com, ce qui ne fait d’ailleurs pas forcément plaisir à tout le monde !), et permet d’aller au-delà d’une présentation purement factuelle.
La tonalité éditoriale « différente » de notre site est d’ailleurs, si je me fie aux messages d’encouragement que nous recevons, ce qui explique la progression de son audience.
Il est pour moi d’autant moins question de renoncer à ce mode d’expression qu’il permet souvent de délivrer des messages beaucoup plus forts qu’une simple relation des textes ou leur paraphrase, et que, par dessus tout, il prouve notre totale indépendance et notre liberté de pensée et d’expression.
Or, vous pouvez en être sûr, et ceux qui me connaissent depuis des années (30 ans au service de la Santé au travail) le savent bien, il n’y a rien pour moi de plus précieux.
Deux petites précisions pour terminer :
– si vous relisez attentivement l’article, c’est la réforme qui est le « nouveau-né », pas la Médecine du travail, et si cette dernière est « vieillissante », c’est en grande partie parce que certaines personnes n’avaient et n’ont aucun intérêt à la « rajeunir ».
– je ne cherche à faire plaisir à personne, la Santé au travail étant l’affaire de nombreux professionnels, dont les Médecins du travail. Il n’en demeure pas moins que ces derniers jouent et doivent selon moi continuer à jouer un rôle primordial auquel aucune approche « technicienne » n’est capable de se substituer.

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Henri

Hello !

Alors, allégorie pour allégorie, je dirais que le problème c’est que, dans un dispositif de prévention de la Sécurité et de la Santé au Travail moderne (cf cadre de la directive européenne 89/391/CEE, notamment son article 7) les MT ne doivent justement pas continuer à jouer un rôle « primordial », mais être une des compétences nécessaires dans une démarche résolument « prévention primaire », tout en gardant leur rôle propre en « prévention secondaire » (article 14 de la directive).

Notre problème franco-français me semble en matière de SST de rester arc-bouté sur le pivot médical historique de la médecine du travail (même en l’appelant « Santé au Travail » et toujours pas Sécurité et Santé au Travail). La très timide apparition dans l’entreprise de la fonction PPRP, plus de 20 ans après la directive, est significative…

Bye.

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g.paillereau

Que la France ait tardé à mettre en place la pluridisciplinarité voulue par la directive de juin 1989 est une certitude. Qu’il faille absolument aller vers l’ouverture à d’autres professionnels pour couvrir tout le champ de la Santé au travail l’est tout autant.
Il n’en demeure pas moins que les médecins du travail doivent selon moi continuer à jouer un rôle primordial dans notre système car la crise que traversent de très nombreuses entreprises s’accompagne de dégâts humains qu’ils sont les seuls à pouvoir appréhender.

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Henri

Hello !

Que les MT (et d’autres comme des psychologues du travail aussi sans doute) puissent et doivent mobiliser leurs compétences pour aborder les dégâts humains induits par la crise que traversent de très nombreuses Entreprises, personne n’en doute. Par contre, cela ne justifie pas que le MT reste le centre du dispositif français de Service de Protection et de Prévention des Risques Professionnels prôné par l’Europe (art 7 de la directive 89/391/CEE).

Nos voisins belges ont très intelligemment transposé l’art 7 (prévention des risques professionnels) + l’art 14 (surveillance de la santé), voir mon commentaire à ce sujet :
https://www.ephygie.com/la-reforme-de-la-sante-au-travail-vue-a-travers-le-rapport-dinformation-de-lassemblee-nationale-le-ruban-la-ficelle-et-la-corde%E2%80%A6/comment-page-1/#comment-926

Cordialement.

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g.paillereau

Le fait que les Médecins du travail occupent un « rôle central » ne me pose absolument aucun problème pour deux raisons au moins : d’abord, cela correspond à l’approche française de la Santé au travail, mise en place en 1946, et aux valeurs que notre pays a souhaité faire prévaloir, et, à moins que l’on puisse apporter la preuve contraire, ce choix n’a pas été plus mauvais que celui effectué par d’autres pays ; ensuite, il ne faut pas oublier que la Médecine du travail (ou la Santé au travail, peu importe) a été instaurée au service de l’Homme, en vue d’éviter toute altération de la Santé des travailleurs du fait du travail. Le fait est que les atteintes à la Santé, physique et mentale, sont aujourd’hui telles que le rôle des Médecins du travail m’apparaît primordial, ce qui ne n’interdit évidemment pas que d’autres Professionnels jouent également un rôle important. Leurs compétences sont complémentaires et j’estime personnellement stupide de les opposer. De ce fait, discuter le « rôle central » ou le « rôle pivot » qui est celui des Médecins du travail ne présente à mes yeux aucun intérêt : cela ne peut selon moi que porter atteinte à la Santé et à la Sécurité de ceux que tous les Professionnels, Médecins du travail et autres, ont justement pour mission de protéger en développant la Prévention sous toutes les formes qu’elle peut revêtir.

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